3) Selon les éleveurs : un enjeu quotidien
Méthode : Parce que la vision du bien-être des animaux peut varier d’un éleveur à l’autre, nous préférons ici vous présenter des témoignages d’éleveurs qui abordent cette thématique, avec leurs mots, sur le cas particulier de leurs fermes. |
Chez Etienne, éleveur de vaches laitières (et Youtuber !)
Chez Antoine, éleveur de vaches laitières et Youtuber
Chez Gauthier, éleveur de porcs (publié sur la chaine Youtube de la FNSEA)
Chez Isabelle, éleveuse de volailles dans la Sarthe
Martine Cottin, docteur vétérinaire, responsable de la santé et du bien-être des volailles de Loué label rouge et biologiques
"Les agriculteurs premiers acteurs du bien-être animal", par des étudiants agri
4) Selon les citoyens : une problématique aux enjeux croissants
Le projet ACCEPT [25] a étudié la perception des citoyens français vis-à-vis de l’élevage. Aujourd’hui, le bien-être animal est leur première préoccupation.
Pour les citoyens français, la première attente est un accès au plein air pour tous les animaux, qu’ils assimilent à une condition nécessaire pour le bien-être animal. Dans le cas où les animaux doivent être logés en bâtiment, ils préfèrent ceux qui disposent d’ouverture vers l’extérieur et de lumière naturelle, avec suffisamment d’espace par animal.
Ils préfèrent les élevages de petite taille et traditionnels (sans être toujours capable de définir ce qu’est un élevage de « petite taille » ou « traditionnel »). Ils les associent à des fermes respectant le bien-être animal et produisant des produits de qualité. Ils rejettent globalement « l’élevage industriel », qu’ils associent à des bâtiments fermés, animaux en cage ou attachés, et à l’absence de lumière naturelle.
Ils refusent également que les animaux souffrent : si des opérations douloureuses doivent avoir lieu, elles doivent être parfaitement justifiées, et s’effectuer avec une gestion de la douleur grâce à une anesthésie par exemple.
Un sondage du même type a également été réalisé auprès de lycéens français[26], pour qui le bien-être est également la première préoccupation en lien avec l’élevage. Ils expriment notamment des inquiétudes sur l’élevage des volailles, à cause du mode d’élevage en cage qui est globalement très mal accepté (pas uniquement par les lycéens), des images d’élevages de poulets avec une concentration importante d’individus, et du gavage des canards et des oies. Ils associent l’élevage de porc à un mode de production industriel. Ils pensent que les conditions de bien-être des vaches allaitantes (élevées pour la viande) sont moins bonnes que pour les vaches laitières, car ils ont été marqués par des vidéos tournées en caméra cachée dans des abattoirs. Pour eux, une vache élevée « juste » pour la viande sera moins bien traitée qu’une vache qui doit produire du lait, mais ils semblent oublier (ou ne pas savoir) que les vaches laitières finissent elles aussi leur vie à l’abattoir.
Méthode : Ces sondages n’ont pas étudié que la perception du bien-être animal. Ils ont également mis en évidence qu’une majorité de citoyens connaît mal voire très mal la façon dont sont élevés les animaux en France aujourd’hui. Ces méconnaissances font partie des raisons qui créent des incertitudes et donc des inquiétudes vis-à-vis de l’élevage. |
[25] Delanoue, E., Dockès, A. C., Chouteau, A., Roguet, C., & Philibert, A. (2018). Regards croisés entre éleveurs et citoyens français: vision des citoyens sur l’élevage et point de vue des éleveurs sur leur perception par la société. INRA Productions Animales, 31(1), 51-68.
[26] Chouteau, A., Souchet, S., Disenhaus, C., Brunschwig, G. (2018). Place de l’élevage dans l’enseignement : Quelle est la perception de l’élevage par les lycéens ? Résultats d’un sondage. GIS Avenir Elevage
Tous les élevages de poules pondeuses ne se ressemblent pas : la concentration des individus, leur alimentation ou leur accès au plein air varient en fonction de leur cahier des charges. Les différents types d’élevages de pondeuses existants en France
Aujourd’hui en France, il existe plusieurs types de production d’œufs :
Les œufs portent sur leur coquille un code indiquant, entre autre, le mode d’élevage des poules dont ils sont issus. Ce chiffre va de 0 (biologique) à 3 (cages).
Bientôt la fin des œufs produits en cage en supermarché ?
Depuis un certain nombre d’années, certaines associations comme par exemple la SPA, L214 (association abolitionniste, en faveur de la disparition de l’élevage) ou CIWF (association « welfariste », qui milite pour l’amélioration des conditions de vie des animaux d’élevage) mènent des campagnes contre la production d’œufs en cages (entre autres).
En 2008, L214 et la SPA changent de stratégie, et mènent des campagnes visant directement certaines marques de distribution, comme Novotel puis Monoprix. Ces actions ont poussé ces deux marques à s’engager à en plus commercialiser d’œufs élevés en cage dans les années suivantes. Les autres grandes marques de la distribution ont fini par suivre le mouvement, et aujourd’hui la plupart d’entre elles se sont engagées à ne plus vendre d’œufs de poules élevés en cages[28] .
La disparition des élevages de poules pondeuses en cage est en accord avec la demande de la société (dans un sondage réalisé pour le projet ACCEPT, l’accès au plein air de tous les animaux était la première demande des citoyens interrogés)[29]. Par ailleurs, l’accès au plein air facilite « l’expression des comportements naturels » des poules, qui est l’un des piliers du bien-être animal défini plus tôt. Pour les éleveurs, cela est cependant un coup dur : une première mise aux normes a été imposée en 2012, et ils sont nombreux à n’avoir pas fini d’amortir leurs nouvelles installations (certains sont encore très endettés suite à la mise aux normes de 2012). Par ailleurs, ils ne disposent pas tous des conditions pratiques sur l’élevage permettant la reconversion au plein air par exemple (surface nécessaire, etc.). Le projet d'abolition de l'élevage en cage sera mis en œuvre progressivement, avec de nouvelles réglementations en 2023 pour un aboutissement en 2027.
La fin des œufs de poule élevées en cage font l'objet d'inquiétude notamment économiques, comme ici sur RTL ou pour l'AFP (cliquez sur la vidéo pour la visionner sur la plateforme Youtube) Visite d'un élevage de poule en cages aménagées (code 3), qui produit environ 130 000 œufs par jour. Ovocom (lien) [28]Delanoue, E. (2018). Débats et mobilisations autour de l’élevage: analyse d’une controverse (Doctoral dissertation, Rennes 2) [29]Site du projet : http://accept.ifip.asso.fr/ |
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