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La domestication : une relation qui ne date pas d’hier




La domestication des animaux s'est faite progressivement. D'abord les chiens, puis les chats, puis les herbivores. Les oiseaux et les rongeurs ont été domestiqués en dernier. 


Extrait :

« L’homme est un opportuniste. Ce qui fait sa force et son adaptabilité. C’est vrai lorsque l’on parle d’Homo Sapiens. Mais c’est aussi le cas des autres hominidés. Les chasseurs magdaléniens dans la toundra ne mangeaient pas les lichens, mais les rennes qui les broutaient. Ceux qui vivaient en région méditerranéenne avec plus de ressources de tubercules ou fruits étaient davantage végétariens. Même Neandertal, notre cousin le plus proche, était opportuniste.

 

Tous les animaux ont été consommés. Le rapport économique et alimentaire à l’animal a longtemps été fait de chasse, de collecte et de pêche. C’était un rapport de prédation. Lors de la néolithisation (voir cicontre), il y a un grand basculement dans l’histoire de l’humanité. Cela a touché la manière de se procurer à manger, la manière de manger, la structure de la société.


Le chien est le premier animal domestiqué

Le chien est le premier animal domestiqué,

15 000 ans avant J.-C., dans deux régions au moins, l’Europe et l’Asie. Aujourd’hui, on pense qu’il y a sans doute eu interaction entre l’homme et l’animal, un rapprochement avec les animaux les moins craintifs et les moins agressifs avant la domestication. Issus des loups, les chiens ont été utilisés pour la chasse, l’alerte, la défense. Mais aussi pour l’affection : on a retrouvé des chiens dans les tombes. On a aussi consommé des loups, puis des chiens.

Le chat est venu ensuite, vers 12000 ans ou 10 000 avant J.-C. Les premiers villages agricoles, avec leurs déchets et leurs stocks, ont attiré les souris et dans leur sillage de petits carnivores : le chat s’est approché de lui-même de l’homme, tout comme le renard. Ce dernier n’a cependant pas fait l’objet d’une domestication à ce moment.

Les premiers foyers de domestication de la chèvre, du mouton, du porc et du bœuf sont situés au Proche-Orient, vers 8 500 avant J.-C. Mas comme pour le chien et le chat, des foyers se sont développés dans d’autres contrées, à d’autres moments, indépendamment de ce foyer primaire (le zébu a été domestiqué vers 7000 avant J.-C. dans le bassin de l’Indus au Pakistan). En Amérique du Sud, le lama a été domestiqué vers 5000 avant J.-C. Avec des allers-retours pour certaines espèces : si les premiers cochons domestiqués en Europe viennent du Proche-Orient, les Européens ont ensuite domestiqué leurs propres sangliers, qui à leur tour ont été adoptés au Proche-Orient.

 

Les animaux domestiqués changent vite. Leur taille diminue sous les effets conjugués du stress, de la réduction de mobilité, de carences alimentaires, ces bêtes se déplaçant dans une zone restreinte. Les processus de domestication se sont produits sur un temps long : il faudra 1000 ans pour que les premiers néolithiques deviennent de véritables éleveurs et qu’ils améliorent artificiellement la morphologie, le comportement ou la productivité de leurs animaux. Durant tout ce temps, la chasse continuera à apporter entre 50 et 75% de la viande consommée au Proche-Orient.

 

Les éleveurs contrôlent très vite, en revanche, la démographie de leurs troupeaux, en choisissant la date d’abattage des individus : sur un site en Ardèche, on a observé que les chevreaux de lait étaient abattus entre 1 et 2 mois, pour exploiter le lait des mères. Les agneaux étaient abattus entre 6 mois et 18 mois. Ils étaient éloignés de leur mère une partie de la journée pour les contraindre à se nourrir d’herbe. Le métier de berger apparait pour réaliser cette séparation. Chez les bovins, les veaux étaient gardés car indispensables chez ces espèces pour déclencher la lactation de leur mère. Eux aussi étaient séparés dans la journée de leur mère. Avant d’être abattus vers 6-8 mois.



Le lait, c’est l’une des grandes différences entre la chasse et l’élevage. Grâce aux animaux domestiques, les hommes du Néolithique régularisent leurs apports en viande, la chasse étant saisonnière. Mais l’élevage leur donne surtout accès au lait des bovins, des moutons, des chèvres, et plus tard du cheval. Eh oui ! Les premiers éleveurs utilisaient déjà le lait, avec des techniques pour le conserver, fabriquer du fromage. On retrouve des résidus laitiers dans des poteries datant de 7000 ans avant J.-C. […]


La consommation de lait et plus tard de fromage donne un avantage aux populations qui ont maîtrisé l'élevage.

La captivité modifie les animaux sauvages. Elle réduit leurs mouvements saisonniers, donc la diversité de leur alimentation. Ils sont en situation de stress face à l’homme qui est l’un de leurs prédateurs. En contrepartie, l’élevage les soustrait à d’autres prédateurs. Cela change aussi leur relation entre eux : dans la nature, mâles et femelles ne se voyaient pas tout le temps. […] Au bout de trois ou quatre générations, même sans action volontaire des hommes, les animaux domestiques ne sont plus les mêmes. Et les techniques d’élevage les différencient encore plus des animaux sauvages. Les mutations inacceptables dans la nature deviennent acceptables, voire recherchées en élevage.

 

Jean-Denis Vigne est archéologue et biologiste au Muséum national d’histoire naturelle. Il est l’auteur de « Les débuts de l’élevage » 2 , paru aux éditions le Pommier.»




La conférence de Jean-Denis Vigne : 15 000 ans d'interaction entre l'Homme et l'Animal  Entrée en familiarité : la domestication a été mise en ligne par le Muséum national d'Histoire naturelle



Ressources : Un exemple de domestication poussée : l'élevage des poules pondeuses vu par l'émission C'est Pas Sorcier


Les travaux de la chercheuse Vanina Deneux portent sur la domestication du cheval et ses apports  tout au long de l'Histoire humaine.  Pour aller + loin : Eléments d’histoire de l’élevage ruminant du Massif central : une diversité d’élevage et de produits, un article scientifique de 2018 portant sur la diversité des élevages dans le massif central 


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