1) Tous les éleveurs n'ont pas la même vision
La relation homme-animal est un enjeu important dans les élevages. En effet, c’est par rapport à l’animal que les éleveurs définissent leur métier, ils sont une source de plaisir, d’affection dans leur activité. La relation Humain-Animal elle a également un impact direct sur les revenus de l’éleveur (en lien avec les performances des animaux, leur santé…), mais aussi sur la santé et la sécurité de l’éleveur sur son lieu de travail et sa satisfaction professionnelle.
Publication de référence : DOCKES, A., & KLING-EVEILLARD, F. (2007). Les représentations de l’animal et du bien-être animal par les éleveurs français. INRAE Productions Animales, 20(1), 23–28. [30]
Dockes et Kling-Eveillard ont observé 4 profils d’attitudes d’éleveurs en fonction de leur relation avec l’animal:
« l’éleveur pour l’animal » qui ne voit que des aspects positifs à son métier et développe une relation affective avec ses animaux,
« l’éleveur avec l’animal » qui reconnaît des aspects positifs à son métier mais aussi des contraintes, qui admet l’intérêt de bien communiquer avec ses animaux et de les surveiller mais ne développe pas de relation affective avec eux,
« l’éleveur malgré l’animal » qui cherche à limiter la communication avec ses animaux et peut même craindre le contact avec eux,
« l’éleveur pour la technique » qui ne considère pas que la relation avec l’animal est essentielle dans son métier mais qui considère tout de même la surveillance du troupeau comme partie intégrante de la technicité du métier.
Les représentations, les comportements et la relation homme-animal peuvent différer notablement et influencer le bien-être des animaux. Des travaux expérimentaux ont démontré un lien notable entre les attitudes et comportements des éleveurs et le bien-être des animaux. Ainsi, les éleveurs qui considèrent que les porcs sont intelligents auront un comportement plus doux à l'égard de leurs animaux, ceux-ci auront moins peur de l’homme, seront donc moins stressés et présenteront de meilleures performances de croissance. Le bien-être interroge l’éleveur sur son métier et sur ses représentations des animaux. En fonction de celles-ci, il accorde plus ou moins de légitimité aux attentes sociétales vis-à-vis du bien-être.
On note également qu’un même éleveur peut avoir des attitudes différentes pour des animaux de différentes espèces.
2) Approcher le point de vue de l'animal par l'éthologie et les sciences du comportement
La qualité de la relation homme animal peut-être estimée en observant les comportements témoignant de peur ou bien de confiance entre l’homme et l’animal. Si la relation homme-animal est bonne (confiance), c’est au bénéfice des deux. Si au contraire elle est mauvaise (peur), c’est au détriment des deux. La qualité de la relation homme-animal est un critère d’évaluation du bien-être animal (absence de peur)
Etudes de référence « Hommes et animaux au travail : vers une approche pluridisciplinaire des pratiques relationnelles (X.Boivin et al. 2012)[32] », et « Eleveur et grands herbivores : une relation à entretenir (X.Boivin et al. 2003) [33] »
L’éthologie est étude des comportements des animaux (du grec ethos, manière d'être) [34] . Une façon d’étudier la relation homme-animal est d’observer la réaction des deux partenaires en présence l’un de l’autre. Une étude de 2006[35] ayant étudié différents test utilisés pour évaluer la relation homme-animal, a dégagé trois grands types de tests :
Le simple fait d’avoir la présence d’un homme « passif » en présence d’animaux permet de savoir si ces animaux ont eu des expériences positives ou négatives.
La personne réalisant le test peut également se mettre en mouvement, ou bien passer sa main dans la cage de l’animal (quand cage il y a). Même si l’homme garde un comportement simple, l’observateur peut compter le nombre d’animaux qui s’approchent ou s’éloignent, se laissent toucher, ou encore la distance de fuite. Ces indicateurs sont parfois utilisés également pour évaluer le bien-être des animaux (une bonne relation homme-animal fait partie des facteurs de bien-être).
Un autre type de test peut consister à observer le comportement des animaux dans des situations de manipulation (capture, déplacement, contention …).
Ces tests utilisés lors d’expérimentations ont permis de dégager des facteurs influençant la qualité de la relation homme-animal :
Des facteurs génétiques (la réaction des animaux face à l’homme a fait partie des critères de sélection lors du processus de domestication, mais il existe encore une importante variabilité génétique concernant ce critère)
Selon le système d’élevage et la présence humaine (malgré le fait que les animaux soient domestiqués, il faut toujours qu’ils soient habitués à la présence de l’homme)
La qualité des contacts homme-animal - Les périodes plus sensibles (à savoir le jeune âge, le sevrage (séparation mère-jeune), et la mise bas (naissance)
L’environnement social (selon si les animaux sont en présence de congénères ou non). Par exemple, des jeunes animaux allaités au biberon seront plus proches de l’homme que des animaux allaités par leur mère et entourés de congénères.
La psychologie de l’animal
Interview de Pauline Garcia, une éleveuse appliquant les principes de l’éthologie pour renforcer sa relation avec ses animaux. Par Hélène Chaligne pourLa France Agricole (lien)
[34] Définition Larousse
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