Quelle efficience pour les systèmes d'élevage ?
- tessa Biet
- 22 août 2024
- 5 min de lecture
Publication de référence pour cette partie : Efficience alimentaire des élevages, GIS Elevages Demain [1]
On dit souvent que l'élevage nécessite un apport en protéines végétales important pour une production de protéines animales relativement faible (2 à 10kg/ kg produit selon les espèces) [2] ou 7 kcal végétales pour 1 kcal animale [3] (de 16 pour une production de bœuf, à 3 pour une production de poulet).
Cette analyse ne prend pas en compte l'origine de ces protéines. Dans le cas de l'alimentation des ruminants, une très grande partie des protéines consommées provient d'aliments non consommables par l'homme. Ceci est plus nuancé pour les monogastriques qui ayant un système digestif bien plus proches du nôtre, ont un régime alimentaire ressemblant également au nôtre ! La quantité de protéines animales produites à partir de protéines non consommables par l’Homme est un indicateur très important, et dans certains cas il y a une création nette de protéines consommables par l’Homme comparativement à ce qui est contenu dans les aliments fournis aux animaux => définition de l'efficience nette (ci-dessous).
Qu'est-ce que l'efficience alimentaire des élevages ?
L'efficience alimentaire est le rapport entre la quantité de produits animaux issus de l'élevage et les ressources alimentaires utilisées pour les produire.
Efficience alimentaire d'un élevage = Produits (viandes, laits, oeufs) / Consommations d'aliments.
Pour évaluer cette contribution nette, une approche consiste à dissocier la part des végétaux qui est effectivement consommable par l’Homme de celle qui ne l’est pas. De la même façon, les produits animaux non consommables (saisies, pertes, abats, laine, peaux et autres coproduits à usages non alimentaires) sont aussi à écarter du calcul.

L’efficience de conversion des aliments par un système d’élevage peut donc se calculer de deux manières:
La première consiste à prendre en compte tout ce que l’animal ingère (fourrages, céréales, protéagineux, coproduits, etc.) et tout ce qu’il produit (lait, œufs, animaux entiers) : c’est l’efficience brute.

La seconde, proposée par Wilkinson (2011) et Ertl et al. (2015) consiste à ne considérer que les consommations par l’élevage qui entrent en compétition avec l’alimentation humaine, c’est-à-dire qui sont « consommables par l’Homme » (grains décortiqués de céréales, protéagineux, etc.), et seulement les produits de l’élevage « consommables par l’Homme » (lait, œufs propres à la consommation humaine, viande, abats, coproduits alimentaires des carcasses) : c’est l’efficience nette de l’élevage pour la production d’aliments.

Ces calculs peuvent être conduits pour différentes caractéristiques nutritionnelles des aliments, notamment pour les protéines, principal intérêt des produits animaux (en kg de protéines brutes), et pour l’énergie (en kcal d’énergie brute).
Wilkinson J. M., 2011. Re-defining efficiency of feed use by livestock. Animal, 5, 1014-1022.
Ertl P., Klocker H., Hörtenhuber S., Knaus W., Zollitsch W., 2015. The net contribution of dairy production to human food supply: The case of Austrian dairy farms. Agricultural Systems, 137, 199-125.
Pour les protéines, une efficience nette supérieure à 1 indique que le système d’élevage a produit davantage de protéines animales « consommables par l’Homme » qu’il n’a consommé de protéines végétales « consommables par l’Homme ». Le système d’élevage est ainsi considéré comme producteur net de protéines consommables et a une contribution nette positive à la production de protéines alimentaires. Inversement, une efficience protéique nette inférieure à 1 indique que le système d’élevage est consommateur net de protéines « consommables par l’Homme » et il a une contribution nette négative à la production de protéines alimentaires. Le principe est le même pour l’énergie.

[1] Laisse S., Baumont R., Turini T., Dusart L., Gaudré D., Rouillé B., Benoit M., Rosner P-M., Peyraud J-L., 2017. Efficience alimentaire des élevages : un nouveau regard sur la compétition entre alimentation animale et humaine. Colloque du GIS Elevages Demain, 17/10/2017, Paris.
Laisse, S., Baumont, R., Dusart, L., Gaudré, D., Rouillé, B., Benoit, M., Veysset, P., Rémond, D., & Peyraud, J.-L. (2019). L’efficience nette de conversion des aliments par les animaux d’élevage : une nouvelle approche pour évaluer la contribution de l’élevage à l’alimentation humaine. INRA Productions Animales, 31(3), 269-288.
[2] Delaby, L., Dourmad, J. Y., Béline, F., Lescoat, P., Faverdin, P., Fiorelli, J. L., ... & Durand, P. (2014). Origin, quantities and fate of nitrogen flows associated with animal production. Advances in Animal Biosciences, 5(s1), 28-48.
[3] Bender, A. E. (1992). Meat and meat products in human nutrition in developing countries.

Efficience protéique nette et brute

Efficience énergétique nette et brute
En résumé
[1] Peyraud, J. L. (2017, July). The role of grassland based production system for sustainable protein production. In 54. Annual meeting of the brazilian society of animal science (p. np). Brazilian Society of Animal Science. (étude appliquée à l'Europe)
[2] van Zanten, H. H., Mollenhorst, H., Klootwijk, C. W., van Middelaar, C. E., & de Boer, I. J. (2016). Global food supply: land use efficiency of livestock systems. The International Journal of Life Cycle Assessment, 21(5), 747-758. (étude appliquée aux Pays-Bas)
[3] Ertl, P., Klocker, H., Hörtenhuber, S., Knaus, W., & Zollitsch, W. (2015). The net contribution of dairy production to human food supply: the case of Austrian dairy farms. Agricultural systems, 137, 119-125. (étude appliquée à l'Autrique)







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